Philosophie et politique

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Jeudi (14/02/19)

Croyance et soumission

Recension de Croyance et soumission. De la critique de la religion à la critique sociale. Réflexions à partir de Spinoza et Freud par Marie-Pierre Frondziak (éditions L’Harmattan, Collection « Ouverture philosophique », 216 pages)

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Jeudi (04/05/17)

Recension du «Court traité de la Servitude Religieuse»

Par André Baril, professeur de philosophie et éditeur. Québec

Pour le philosophe français Denis Collin, notre compréhension de la religion serait bien incomplète et même erronée ou réductrice si nous nous contentions de la considérer comme un épiphénomène, comme une réalité sociale secondaire. Le marxiste conséquent doit aujourd’hui dépasser « le stade du matérialisme vulgaire » qui reposait sur une dichotomie entre la superstructure (les idées) et l’infrastructure (le monde réel). La vie sociale est plus complexe et il faut s’instruire auprès de toutes les sciences humaines si on veut saisir pourquoi et comment la religion est apparue en même temps que les premières civilisations. Collin s’inscrit à l’intérieur d’une théorie critique qui peut s’inspirer autant de Marx que de Freud. Dans cette perspective, je suis en parfait accord avec Collin lorsqu’il écrit que « la religion doit alors être comprise, non pas comme un ensemble de lubies, plus ou moins arbitraires dues à l’ignorance, et que l’on pourrait réfuter par la raison, mais comme la première forme psychique de la vie sociale » (p. 19). Car, en considérant la religion comme la pensée la plus archaïque de l’humanité, Collin nous donne ainsi le fil conducteur pour « comprendre la puissance active et la force d’entraînement des idées religieuses » (p. 21). Il importe en effet de saisir la vie religieuse dans la vie sociale.
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Dimanche (08/05/16)

La Dialectique sans la Téléologie, Hegel, Gentile, Adorno

Un livre d'Évelyne Buissière

La dialectique n’est pas cette valse à trois temps (thèse, antithèse, synthèse ou plutôt foutaise) que l’on vend aux étudiants pressés. Ce n’est pas non plus cette histoire écrite à l’avance dont les médiations ne sont que les astuces d’un prestidigitateur qui à la fin de son tour sort un lapin du chapeau. Le propos d’Évelyne Buissière est d’abord de restituer à la dialectique hégélienne son tranchant, son caractère essentiellement critique et son mouvement. Sa cible est claire : montrer que la dialectique hégélienne n’est pas une téléologie et que la fin de l’histoire n’est pas déjà écrite dans son commencement. C’est alors que s’impose la confrontation avec deux des principaux continuateurs critiques de Hegel, Giovanni Gentile, « réformateur » de la dialectique pour en faire une dialectique affirmative et Theodor Adorno, défenseur de la dialectique négative. La longue introduction vise à montrer que la dialectique de Hegel n’a rien à voir avec les caricatures qui en sont généralement données. Les deux parties consacrées à Gentile et à Adorno montrent les incompréhensions et les impasses des tentatives de réformer la dialectique. Et la conclusion s’impose : « Les tentatives de Gentile et de Adorno pour sauver la totalité de la contingence et leur refus d’une science de la logique qui accompagne la dialectique permettent de comprendre par les difficultés et les formes d’impasses qu’elles rencontrent en quoi le Savoir absolu hégélien n’est en rien une perspective téléologique dépassée qui clorait en beauté le système achevé. » (134) → plus

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Samedi (23/04/16)

Malaise dans la démocratie

Un livre de Jean-Pierre Le Goff

Au total, le Malaise dans la démocratie (Stock, 2016) de Jean-Pierre Le Goff est assez décevant. Évidemment on partagera sans peine ses analyses sur l'éducation ou sur les nouvelles relations au travail, sur la fabrication d'une société d'individus désaffiliés, centrés sur eux-mêmes et se prenant pour le centre du monde. Mais tout cela n'est pas bien nouveau. Sur la culture du narcissisme, on a lu, il y a longtemps déjà, Christopher Lasch dont les analyses tout autrement rigoureuses. Le Goff oppose volontiers hier (qui finalement était mieux) et aujourd'hui. C'est un peu gênant. D’abord parce que sa peinture d'hier n'échappe pas au traditionnel enjolivement du passé. Et ensuite parce qu'il n'explique pas pourquoi et comment on est passé d'hier à aujourd'hui. Ses analyses sur la nouvelle religiosité et le bouddhisme n’apportent pas grand-chose, d’autant qu’on ne voit guère que le néobouddhisme ait une grande influence et Katmandou n’est plus depuis longtemps une destination privilégiée pour les jeunes. Désolé, mais une petite louchée de Marx n'aurait pas nui. Les constats et surtout les collections de citations ne valent pas une bonne analyse, qui manque cruellement. Qu'est-ce qu'il produit cette société d'individus désaffiliés? Mystère! La conclusion livre est encore plus faible. Sur le travail, Le Goff dit qu'il faut réformer le Code du travail (pourquoi? mystère!) mais propose un travail de restructuration psychologique des jeunes pour qu'ils sortent de la galère. Là, c'est proprement affligeant. Je suis d'autant plus déçu que j'avais beaucoup apprécié La barbarie douce et que je partage bien des sentiments de Le Goff (sur l'histoire, la , etc.) mais je crains que ce livre ne soit un peu un témoignage de la misère des sciences sociales quand elles oublient la philosophie – ce qui est encore plus impardonnable chez Le Goff, philosophe de formation.

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Dimanche (17/04/16)

Justice

Une brève recension de l'ouvrage de Michael J. Sandel

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On peut écrire un vrai livre de philosophie accessible à toute personne sachant lire sans galvauder la pensée. Bref on peut être un philosophe « populaire » comme Michael J. Sandel et on n’est pas obligé d’être un onfray. Justice est une excellente introduction aux questions philosophiques de la justice. En bon professeur Sandel examine les grandes catégories de doctrines qui peuvent prétendre répondre à la question de la nature de la justice. L’utilitarisme de Bentham autant que l’utilitarisme dans sa version plus sophistiquée - celle de Suart Mill – est exposé et réfuté avec vigueur. La maximisation du bonheur du plus grand nombre ne peut en aucun cas être un principe de justice. Sandel examine ensuite la thèse libertarienne défendue tant par Milton Friedmann que par Robert Nozick. Non seulement il montre que cette thèse conduit à des absurdités – en quelque sorte, elle s’auto-réfute – mais surtout il en met à jour le fondement ultime : l’individu serait propriétaire de lui-même, véritable point de jonction entre le néolibéralisme et le gauchisme sociétal, doit-on ajouter. À ces deux grandes écoles, dominantes aujourd’hui, notamment dans le monde anglo-saxon, Sandel oppose la conception kantienne de la liberté dont il souligne la grandeur . Cependant, la de Kant souffre de son abstraction. Sandel discute longuement la question du « droit de mentir » et, tout en appliquant le principe de charité qui refuse de prêter à Kant des thèses absurdes, souligne les contradictions de l’impératif catégorique. Sur la plan de la théorie du droit, Kant suppose un contrat social imaginaire que Rawls va essayer de préciser dans la Théorie de la justice en faisant reposer les principes de justice sur l’expérience de pensée du « voile d’ignorance » dont les individus sont censés consentir aux principes d’égalité liberté pour tous et différence. Ce qui ne convient pas dans les thèses de Kant et de Rawls, c’est d’une part qu’elles cherchent un principe unique dont on pourrait dériver des réponses à toutes les questions qui se posent philosophie politique et, d’autre part, qu’elles affirment une priorité du juste sur le bien étrangère à toute idée de la recherche de la vie bonne. Si Sandel rend justice – c’est le cas de le dire – à Kant et Rawls, il défend, pour sa part, une conception aristotélicienne ou plutôt néo-aristotélicienne qui refuse de séparer la justice des finalités de nos actes, c’est-à-dire de la recherche de la vie bonne. On appréciera tout particulièrement les longs développements qu’ils consacrent à ce que nous devons à la politique à laquelle nous appartenons, avec toutes les conséquences qu’on en peut tirer sur les questions épineuses de notre époque (mariage gay et service civique ou encore mères porteuses). Il rappelle avec Aristote que « la finalité de la politique ne consiste en rien de moins que de permettre aux gens de développer leurs capacités et leurs vertus proprement humaines – de délibérer à propos du bien commun, de former leur jugement pratique, de prendre part au gouvernement autonome, de se soucier du sort de la considérée comme un tout. » (p. 284) Sandel se situe lui-même dans la proximité d’Alasdair , donnant la priorité à l’ethos communautaire sur les conceptions d’une justice indifférente aux valeurs et aux conceptions compréhensives du bien. → plus
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Samedi (24/10/15)

Le monde rêvé des anges

Je viens de terminer la lecture du livre de Bérénice Levet, La théorie du genre ou le monde rêvé des anges (Grasset, 2014). Je partage pour l’essentiel le propos de l’auteur. Contre les dénégations des miinistres et thuriféraires de l’indistinction qui protestent qu’il n’y a pas de théorie du genre, Bérénice Levet en reconstitue les thèses essentielles en s’appuyant sur les textes de Judith Butler ou de Monique Wittig et Éric Fassin. Pourquoi la France, qui avait longtemps résisté à cette théorie cède-t-elle à son tour ? C’est à cette question que tente de répondre le livre. Son seul défaut, c’est qu’il ne répond pas à cette question. Il montre clairement ce qu’est la théorie du genre, en dénonce les aberrations et s’inquiète tout particulièrement de la transformation des générations qui viennent en cobayes des expérimentateurs de l’indistinction des genres. Mais elle ne dit pas pourquoi. Si elle remarque ici et là la congruence entre les exigences du «  », c’est-à-dire du capitalisme de notre époque et la mise en œuvre d’une véritable politique visant à créer une humanité unisexe, si elle voit bien qu’on a substitué à l’espérance d’une société sans classes celle d’une société sans sexes (et sans sexe), elle ne montre pas quelles sont les conditions sociales historiques précises qui expliquent le développement de cette idéologie proprement mortifère – en effet, il n’est point nécessaire d’avoir longuement lu Freud pour repérer dans l’acharnement des « genristes » le travail de la pulsion de mort. → plus

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Mardi (04/08/15)

Temporalité et différence

à propos du livre d'Alberto Giovanni Biuso, "Temporalità e differenza"

Alberto Giovanni Biuso : Temporalità e differenza, 2013, Leo S. Olschki editore

Alberto Giovanni Biuso, professeur de philosophie, enseigne la philosophie de l’esprit et la sociologie de la culture à l’Université de Catania. Il a, à son actif, un nombre conséquent d’ouvrages dont certains ont fait l’objet d’une recension sur mon site (Nomadismo e benedizione, une belle introduction à la lecture de Nietzsche, Dispositivi semantici, qui propose une approche phénoménologique de la philosophie de l’esprit, …). Avec Temporalità e differenza, Alberto Giovanni Biuso s’aventure sur des chemins déjà largement frayés, ceux de la métaphysique du temps. Dans un ouvrage bref (116 pages), il apporte des éclaircissements très utiles. La pensée est concise et rigoureuse et contraste avantageusement avec beaucoup d’écrits sur ce thème qui, il faut bien le dire, ne brillent pas toujours par leur limpidité. C’est à la fois l’ouvrage d’un professeur qui fait le tour des grandes conceptualisations sur la question du temps, de Platon et Plotin jusqu’aux physiciens contemporains et celui d’un philosophe défendant sa propre thèse de manière fort convaincante.

Biuso part des deux grandes tendances qui dominent la pensée philosophique du temps : celle pour qui le temps se réduit à la conscience du temps et celle qui fait du temps physique l’unique objet de l’enquête sur la temporalité. L’auteur veut dépasser ce dualisme et essayer de penser en même temps et dans leur différence le temps comme réalité mentale et le temps comme réalité physique. Tout comme il se refuse au dualisme en philosophie de l’esprit et soutient de manière très spinoziste qu’il n’existe qu’une seule réalité, le corps-esprit, il veut comprendre unitairement le temps sur le plan physique et sur le plan métaphysique. Le temps ne s’oppose pas à la matière, il est la différence de la matière dans les divers instants de son devenir et il est l’identité de ce devenir dans une conscience qui le saisit.

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Jeudi (16/07/15)

Lecture du Capital de Marx

Lecture du Capital de MarxPendant deux ans, de septembre 2013 à juin 2015, l’Université Populaire d’Évreux a organisé un groupe de lecture du Capital de Marx. Chaque mois, une quinzaine d’auditeurs ont suivi assidûment les séances consacrées à la lecture, parfois ligne à ligne, de ce texte majeur de la pensée philosophique et sociale contemporaine.

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Dimanche (10/05/15)

À propos de "Libre comme Spinoza"

Une lettre de Benoit Spinosa

Avec son autorisation, je publie ici la lettre que m'a envoyée Benoit Spinosa.  Benoit Spinosa est philosophe, professeur en classes préparatoires. Il est l'auteur d'un excellent ouvrage sur Hobbes, dont j'avais fait la recension (voir ici)

Bonjour Denis

 

J'ai lu avec grand plaisir ton beau livre sur Spinoza. Cette introduction à l'Ethique, par sa concision et sa clarté, est un tour de force, comparée à des résumés scolaires sans portée réelle ou à des sommes gueroultiennes décourageantes pour beaucoup (et pas seulement pour les néophytes). La première partie sur le De Deo bénéficie de ta connaissance des mathématiques et leur usage, simple et éclairant, donne une idée de l'engouement de Spinoza pour la géométrie ainsi que de la portée encore valable de certaines propositions de l'Ethique. Cette partie centrée sur l'unicité de la substance et sa puissance est comme le fondement à partir duquel tu as pu expliquer pourquoi Spinoza passe pour le premier philosophe des Lumières : cette conception rationnelle d'un Dieu-Nature oblige le lecteur, qui entend en saisir le sens, à opérer en lui une distinction entre les "façons d'imaginer" un Père terrible et "les connaissances objectives" du principe immanent à toute chose - c'est prendre au sérieux, comme tu le diras plus loin (p; 268) le caractère unique et éternelle de la substance.

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Ecrit par dcollin à 13:24 dans Bibliothèque Lu 4008 fois. Version imprimable

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Mardi (14/04/15)

Libre comme Spinoza

Recension par Alberto Biuso, parue dans le quotidien italien "Il Manifesto"

Denis Collin
LIBRE COMME SPINOZA
Une introduction à la lecture de l’Éthique
Max Milo Éditions, Paris 2014
287 pages
€ 19,90
 
L’Ethica ordine geometrico demonstrata est non seulement un des plus grands livres qui ait été écrit, c’est par-dessus tout un livre vivant, qui doit toujours être lu, relu, pensé, critiqué, fait sien. L’acte même de sa lecture transforme celui qui le lit, c’est un lecture «performative, c’est-à-dire qu’elle réalise ce qu’elle énonce» (p. 280), dans le sens que le contact avec cette perspective est en lui-même un geste de lætitia du corps-esprit qui, par son intermédiaire, comprend beaucoup de choses de la manière dont il est fait. Denis Collin accompagne le lecteur de manière linéaire et point par point dans ce labyrinthe de sagesse, sans jamais réduire le cheminement à un simple commentaire mais en devenant toujours une véritable introduction à la complexité de la philosophie de Spinoza.

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Jeudi (06/11/14)

Sur la philosophie de l'argent de Georg Simmel

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Sur Simmel

Éléments biographiques

Georg Simmel est né le 1er mars 1858 à Berlin, dans une famille aisée, d’origine juive convertie au christianisme. Il meurt le 28 septembre 1918 à Strasbourg, ville dans laquelle il enseignait la philosophie depuis 1914. Philosophe, sa thèse de doctorat porte sur « L’essence de la matière d’après la monadologie de Kant ». En 1890, il épouse Gertrud Kinel, peintre, écrivain et philosophe qui publiera plusieurs essais sous le nom de Gertrud Simmel ou sous le pseudonyme de Marie-Luise Enckendorf. « Privatdozent » de philosophie à Berlin de 1885 à 1901, Simmel n’obtient jamais de véritable consécration universitaire – l’origine juive de sa famille n’est sans doute pas étrangère à cette situation quand on connaît le poids de l’antisémitisme dans les établissements académiques allemands. Ainsi en 1908 ne peut-il postuler à un poste à l’université de Heidelberg en raison de l’action de l’historien antisémite et pangermaniste Dietrich Schäfer.

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Lundi (30/06/14)

Hobbes lu par Benoit Spinosa

Benoît Spinosa : Hobbes, Les belles lettres, 2014, collection « Figures du savoir », 19€

Benoit Spinosa, professeur de philosophie en première supérieure à Aix-en-Provence consacre à Thomas Hobbes un ouvrage concis, mais au plus haut degré utile pour qui s’intéresse à cet auteur souvent cité et finalement méconnu. De ce puissant penseur né en 1588 et mort en 1679, contemporain des guerres qui ont ensanglanté l’Europe et de la première révolution anglaise, on ne retient souvent que les chapitres XIII à XVII du Léviathan : puisque l’homme naturellement est un loup pour l’homme, l’État est nécessaire pour assurer la paix et cet État exige des citoyens une obéissance absolue. Spinosa nous montre combien cette vision est réductrice et même fausse. Il y a chez Hobbes un projet philosophique global qui s’enracine dans la vision nouvelle du monde qui émerge au début du XVIIe siècle. Déclin de la culture humaniste au profit de la recherche scientifique d’une vérité qui trouve à se formuler mathématiquement, c’est ce qui se joue avec Galilée dont le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, publié en 1632 et traduit en latin en 1635 constitue l’expression marquante. Hobbes pense à partir des mathématiques à travers la construction des Éléments d’Euclide et à partir des concepts galiléens. Mais Spinosa ne se contente pas de généralités. Il analyse précisément la transformation que subit la perception visuelle et tout ce qui en découle.

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Lundi (12/05/14)

La condition nucléaire

Un livre de Jean-Jacques Delfour

Jean-Jacques Delfour : La condition nucléaire. Réflexions sur la situation atomique de l’humanité. Éditions L’échappée, ISBN 978-29158307-9-8 – Prix : 15€

Avec son essai sur La condition nucléaire, Jean-Jacques Delfour fait œuvre véritablement utile. En disciple de Günther Anders, il conçoit la philosophie comme une art de combat. Il s’agit en effet de porter le fer là où la modernité a ouvert les plaies les plus profondes. « Ma contribution n’est ni historique, ni sociologique, ni diplomatique, ni technologique, encore moins industrielle. Dans le sillage de l’important travail du philosophe allemand Günther Anders, elle propose une hypothèse philosophique nouvelle : une articulation du nucléaire avec la jouissance technologique de la pulvérisation du réel, la jouissance politique de la domination et la jouissance capitaliste de la production-destruction. » (41) Le parti-pris, pleinement justifié, de Jean-Jacques Delfour est qu’il n’est nul besoin d’être un spécialiste pour traiter de la condition nucléaire, car il s’agit fondamentalement d’une question  : « le problème de la civilisation technique et industrielle revient à savoir qui a davantage de valeur : les êtres humains ou les êtres machiniques ? » (34).

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Lundi (13/01/14)

Éloge du communautarisme

un ouvrage de Costanzo Preve

En France, faire l’éloge du communautarisme, c’est s’exposer des malentendus, des déconvenues, des attaques et des assauts de mauvaise foi à n’en plus finir. On hésite donc à faire l’éloge de cet Éloge du communautarisme que Yves Branca a rendu accessible au public français, l’édition italienne datant de 2007. Connaissant bien, par avance, les malentendus et les amalgames que son livre entraînerait, Preve a néanmoins tenu à assumer le terme de « communautarisme », bien que son éloge ne soit ni celui des communautés ancestrales fermées à l’étranger, ni celui des pseudo-communautarismes fascistes ou nazis, ni celui des communautés organiques qui imposent à leur membre un conformisme, ni non plus le communautarisme ethnique instrumentalisé contre la souveraineté nationale. Preve défend le communautarisme tout simplement parce que l’homme est un « être communautaire », ce qui pourrait être une traduction très précise du zoòn politikon d’Aristote. La conception libérale de l’homme comme atome de la société, individu isolé et relié aux autres seulement par l’intérêt est manifestement contraire aux données anthropologiques les plus élémentaires, et pourtant c’est cette conception qui domine idéologiquement et pratiquement les sociétés où règne le mode de production capitaliste. L’homme est l’ensemble de ses rapports sociaux disait Marx et pour paraphraser Aristote on peut dire qu’un homme qui vivrait en dehors de toute , non par accident mais par nature serait un dieu (si puissant qu’il n’a pas besoin des autres) ou, plus sûrement, un monstre.

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Jeudi (04/07/13)

Retour à la philosophie spéculative?

Recension de "À dire vrai. Incursions philosophiques" par Yvon Quiniou

C’est un livre riche que nous donne ici Denis Collin. Sous l’apparence de propos divers, il constitue une synthèse de sa pensée  actuelle. Son intérêt principal tient à la multiplicité des questions qu’il aborde, même si on ne le suit pas dans toutes ses réponses : statut de la philosophie, y compris dans son rapport à la métaphysique, nature du réel, opposition de l’idéalisme et du matérialisme, problème de l’objectivité de la connaissance, importance de la subjectivité, épistémologie critique des sciences humaines – autant de sujets qu’il aborde à chaque fois à partir d’une information pointue.
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Vendredi (26/04/13)

Adorno l’humaniste

Un essai sur sa pensée morale et politique, par Marie-Andrée Ricard

Il fallait oser le titre : Adorno ne se serait certainement pas caractérisé comme « humaniste »,  comme le fait remarquer l’auteure, Marie-Andrée Ricard. Le terme d’humanisme est surchargé de significations plus ou moins contradictoires et il a été l’objet de tant de polémiques qu’il pourrait bien apporter plus de confusion que de clarté pour caractériser la pensée de Theodor W. Adorno. Mais quel autre terme employer pour définir cette orientation philosophique vers la souffrance et la vie mutilée des hommes, cette théorie critique d’une société foncièrement inhumaine ?

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