Mardi (09/04/24)
Mercredi (27/06/18)
Entretien recueilli par Thibault Isabel pour Eléments
1/ Karl Marx prophétisait la fin de l’histoire et l’émergence d’une société communiste, nous n’avons eu que la chute de l’Union soviétique et l’avènement d’un capitalisme mondial hégémonique, sous large domination américaine. La Chine, qui constitue officiellement le dernier grand régime « communiste » de la planète, est en train de se transformer en parangon de la liberté de marché. Le marxisme s’est-il donc trompé sur toute la ligne ? En quoi l’analyse marxiste, entamée il y a près de deux cents ans, nous permet-elle encore de penser le XXIe siècle ?
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Samedi (19/09/15)
Le mot « communisme » a été si galvaudé qu’on ne sait plus exactement ce qu’il pourrait recouvrir. Les partis communistes membres de l’Internationale Communiste se réclamaient du communisme tel que Marx l’avait défini dans le Manifeste du Parti Communiste (1848). Cependant, aucun des gouvernements des pays du « socialisme réel » n’a jamais considéré que l’un de ces pays ait pu être communiste. D’un autre côté, le communisme n’est pas l’invention de Marx et Engels. Le communisme de Babeuf, celui des « partageux », ce communisme grossier que Marx brocarde très tôt, n’est pas celui des auteurs du Manifeste du Parti Communiste.
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Jeudi (09/07/15)
Le communisme historique du XX
e siècle a laissé l’image du système le plus antidémocratique que l’on puisse imaginer. Le parti omniscient et tout-puissant gouvernait prétendument au nom de la classe ouvrière et du peuple tout entier. Et à l’intérieur du parti, c’est l’appareil qui concentrait tous les pouvoirs, appareil lui-même au service du secrétaire général. Il est pourtant une autre tradition communiste, largement oubliée aujourd’hui qui, tout au long du siècle passé a défendu l’idéal du « communisme des conseils », c’est-à-dire d’un communisme radicalement démocratique, hostile à la bureaucratie de l’État, des syndicats et des partis, défenseur de l’autonomie des organisations collectives de base.
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Samedi (18/04/15)
Il y a cependant quelque chose de très important dans le rapport de Marcuse à Freud. Non seulement la psychanalyse n’est pas une psychologie mais bien une théorie sociale historique, mais plus fondamentalement elle possède une dimension ontologique à laquelle Marcuse consacre une partie de Éros et civilisation. Cet « intermède philosophique » (chapitre 5) est d’une lecture dense et confirme que le mépris en lequel une certaine tradition universitaire tient Marcuse n’est rien d’autre le mépris professé par les ignorants.
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Vendredi (13/03/15)
Herbert Marcuse, né à Berlin en 1898 et mort à Starnberg en Bavière en 1979, est une des figures les plus marquantes de l’École de Francfort, nom sous lequel est désigné en France l’Institut pour la recherche sociale, fondé dans les années 1920 par quelques jeunes philosophes, sociologues ou psychanalystes, tous non pas marxistes, mais étudiants à l’école de Marx, mais aussi à celle de Max Weber ou de Freud. Marcuse rejoint l’Institut pour la recherche sociale en 1932, après avoir rédigé sous la direction de Heidegger une thèse importante sur L’ontologie de l’historicité chez Hegel. Hegel qu’il ne quittera jamais, lui consacrant l’un de ses livres les plus profonds,
Raison et révolution.
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Lundi (20/10/14)
Fiche de lecture
Depuis 1850, Marx s’est engagé dans l’œuvre de sa vie, la Critique de l’économie politique. Une Introduction est publiée en 1857, puis une Contribution à la critique de l’économie politique. Relisant Hegel, il reprend tout son travail dans ce que l’on connaîtra sous le nom de Grundrisse. Mais ces “ fondements ” sont abandonnés à la tour. En 1865, Marx consent à publier le livre I du Capital (Traduction J. ROY – Édition Flammarion Champs 2 vol.). Trois autres livres étaient prévus, mais Marx ne pourra pas mener sa tâche à bien. Des manuscrits de son ami, Engels tirera les livres II et III du Capital. Le Capital n’est pas un traité d’économie politique mais une “ critique de l’économie politique ”, à trois sens du mot : premièrement, il passe au crible les résultats de l’économie politique classique ; deuxièmement, il en exhibe les présuppositions théoriques et en détermine les limites ; troisième il en prépare le dépassement.
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Lundi (25/08/14)
Réflexions sur la question de la vérité chez Marx
Je publie ci-dessous quelques extraits de ma thèse de doctorat consacrée à "la théorie de la connaissance chez Marx" (soutenue en 1995 sous la direction de Tony Andréani à l'Université de Paris X Nanterre). Je n'écrirai sans doute plus les choses ainsi aujourd'hui. Mais il me semble que ces extraits apportent quelques éclaircissements utiles.
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Dimanche (17/08/14)
À propos du livre de Ernst Lohoff et Norbert Trenkle
La grande dévalorisation. Pourquoi la spéculation et la dette de l’État ne sont pas les causes de la crise. Par Ernst Lohoff et Norbert Trenkle. Traduit de l’allemand par Paul Braun, Gérard Briche et Vincent Roulet. Éditions « Post-éditions », 2014, 352 pages. Prix 23€.
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Vendredi (14/03/14)
Conférence au colloque sur l'espace organisé par le lycée Corneille de Rouen le 14 mars 2014
Parler de l’espace de la marchandise peut sembler étrange. L’espace de la marchandise pourrait tout simplement se réduire à l’espace occupé par les marchandises dans les entrepôts des magasins ou sur les étals des commerçants... En dire autre chose serait aller au-delà d’un usage pertinent du mot « espace » transformé en mot « passe-partout ». Si on lit Marx, on cherchera en vain le mot « espace » pour désigner un concept précis de sa critique de l’économie politique. Par contre on rencontrera le mot de « sphère » (sphère de la circulation, sphère de la production) et mais aussi le mot « monde ». Il y a donc une spatialité (sphère ou monde) nécessaire pour penser la marchandise. On peut aussi rencontrer, chez des auteurs plus récents, l’expression « espace de la marchandise » pour désigner l’extension de la marchandise à la fois dans l’espace géographique et dans l’ensemble des sphères de la vie humaine.
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Lundi (03/03/14)
Jon Elster dans
Making sense of Marx (
Karl Marx : Une interprétation analytique. Traduit de l’anglais par P.E. Dauzat, PUF 1989) se propose de donner une nouvelle interprétation de Marx à la lumière de la philosophie analytique. Transposé au domaine précis qui nous concerne, le propos de Jon Eslter viserait ainsi à récuser tout ce qui chez Marx renvoie à une sociologie « holiste » et à y substituer une interprétation qui ferait fonds sur l’individualisme méthodologique.
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Dimanche (23/02/14)
Nominalisme et matérialisme
Le matérialisme de Marx, pour autant que l’on puisse parler véritablement de matérialisme, n’est à proprement parler qu’un nominalisme. Cette inspiration nominaliste parcourt les textes de jeunesse, de la Critique du droit politique hégélien à l’Idéologie Allemande. Peut-on attribuer à Marx une inspiration nominaliste n'est-ce pas un jugement extérieur qui fait fi de l'histoire réelle de la pensée marxienne ? Après tout rien n'indique que Marx ait lu la Somme logique ni qu'il se soit intéressé à Duns Scot, bien qu'il le cite parmi les précurseurs du matérialisme[1]. Sa connaissance du nominalisme médiéval n'est donc qu'une connaissance indirecte, qui lui vient par l'intermédiaire des philosophes anglais. C'est donc un nominalisme qui a déjà subi de nombreuses transformations que Marx va trouver «prédigéré» dans la philosophie anglaise.
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Jeudi (02/01/14)
Une étude sur "Le 18 brumaire de Louis Bonaparte"
Le 18 brumaire de Louis Bonaparte apparaît d’abord comme un texte de circonstance. Écrit en quelques jours après le coup d’État qui met fin à la seconde République et conduit bientôt à la proclamation du Second Empire par un neveu de Napoléon Bonaparte, ce petit ouvrage de Marx, publié en 1852 dans la revue de son ami Joseph Weydemeyer, rassemble sept articles écrit presque sous le feu de l’évènement. C’est pourtant beaucoup bien plus que cela. Dans la préface à la réédition de 1869, Marx précise ce qui sépare son travail de celui de Victor Hugo, Napoléon le Petit, et de celui de Joseph Proudhon, Le coup d’État. Le pamphlet de Hugo « se borne à des invectives amères et spirituelles », mais faute de comprendre les racines sociales du coup d’État de Louis Bonaparte, il en fait l’œuvre d’un homme seul et « il ne s’aperçoit pas qu’il grandit cet individu au lieu de le rapetisser, en lui attribuant un pouvoir d’initiative qui n’a pas son pareil dans l’histoire universelle. » Proudhon au contraire fait de cet évènement une sorte de produit naturel de toute l’évolution historique et tombe ainsi dans l’apologie. Bref, Victor Hugo, se concentrant sur l’action de ce petit « grand homme » tombe dans une vision purement subjectiviste de l’histoire et Proudhon commet l’erreur des « historiens soi-disant objectifs » qui finissent toujours par se faire les chantres du fait accompli. Marx refuse ces deux erreurs symétriques : il s’agit de montrer « comment la lutte des classes en France a créé des circonstances et des conditions qui ont permis à un médiocre et grotesque personnage de jouer le rôle de héros. » Il s’agit donc de montrer comment la méthode d’analyse historique défendue par Marx, une méthode qui place au premier plan l’activité des hommes permet de comprendre la logique des évènements. Contre un certain « matérialisme historique » qui réduit finalement la lutte politique à un épiphénomène des conflits sociaux et économiques, Marx illustre et précise sa propre conception de l’histoire dès les premières lignes du 18 Brumaire de Louis Bonaparte :
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Samedi (25/02/12)
Philippe Petit, de Marianne, m'a posé les questions suivantes. En attendant de savoir ce que cette interview deviendra (?), la voilà:
PP 1 / La crise financière de 2008 et ses suites, signe-t-elle selon vous le retour d'une certaine actualité des thèses de Marx concernant l'Etat et les fondés de pouvoir du capital???
[DC>] La crise financière de 2007/2008 et ses suites confirment de manière éclatante les analyses de Marx: le mode de production capitaliste ne peut fonctionner qu'en reproduisant le capital sur une échelle toujours élargie. Or la poursuite d'un processus d'accumulation exige le recours croissant au crédit et à toutes les formes d'investissement financier qui permettent la distribution, non de profits réels, générés dans le processus de production, mais de profits anticipés, c’est-à-dire de profit qui ne correspondent pas à un capital produisant de la plus-value. C'est ce que Marx appelle "capital fictif". La masse du capital fictif a fini par engloutir le capital réellement investi qui est, lui, confronté à des problèmes croissants de mise en valeur, à ce que Marx, encore, nommait baisse tendancielle du taux de profit. L'exemple de l'industrie automobile est particulier éclairant pour comprendre à la fois cette baisse du taux de profit et le poids croissant des "produits financiers.
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Dimanche (19/02/12)
Depuis 2007, c’est-à-dire depuis cinq ans, on ne parle que de la crise. D’abord la crise des « subprimes » aux USA qui a finit par contaminer l’ensemble du système financier mondial, ensuite le sauvetage des banques par les États, pour finir par la crise des dettes publiques, notamment dans les principaux pays européens – qui sont tous logés à la même enseigne même s’ils ne sont pas traités de la même façon suivant qu’ils appartiennent aux « PIGS » (élégant acronyme employé
ad nauseam par la presse allemande) ou qu’ils appartiennent à la race des seigneurs (les belles bêtes blondes dont parlait Nietzsche). Je vais non pas donner une analyse détaillée de la situation actuelle, ni asséner des tonnes de chiffres dont on du mal à évaluer la signification réelle. Je pars d’un postulat que je vais essayer de prouver : la crise actuelle n’est pas une crise de la dette, ni une crise liée à l’avidité sans fin des financiers, mais une crise de l’accumulation du capital, c’est-à-dire une crise du mode de production capitaliste lui-même. C’est dans « la salle des machines » que se jouent le drame ! Citons la note de perspective de l’OCDE de septembre 2011 : «
L’activité mondiale est proche de la stagnation»; «
Le commerce mondial s’est contracté, les déséquilibres mondiaux persistent»; «
Sur le marché du travail, les améliorations sont de moins en moins perceptibles»; «
La confiance s’est dégradée», etc.
A la suite des projections d’Eurostat à la mi-novembre d’une contraction économique de l’UE, à laquelle même l’Allemagne ne fait pas exception, la toute dernière note de l’OCDE (28 novembre 2011) fait état d’une
«détérioration considérable» avec une croissance pour l’ensemble de l’OCDE de 1,6% et de 3,4% pour l’économie mondiale. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que depuis 3 décennies s’est opérée une gigantesque accumulation du capital, principalement dans les pays émergeants (Chine, Inde, Brésil pour citer les principaux) dont le moteur a été le recours à un endettement massif. Pour que cette accumulation se poursuive, il faudrait que la production de biens et de services marchands procure les profits suffisants. Or cette accumulation a entraîné une érosion massive du profit capitaliste « normal » que le recours à toutes sortes de subterfuges dont je vais parler a permis de masquer partiellement. Mais comme les montages à Madoff (chaînes de Ponzi), vient un moment où il faut passer à la caisse.
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Ecrit par dcollin
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Dimanche (11/12/11)
Le concept de travail mort joue sans doute un rôle très important dans la pensée de Marx. Il est le revers nécessaire du travail vivant et dans l’opposition travail vivant/travail mort réside sans aucun doute le nœud de la critique marxienne de l’économie politique. En premier lieu, nous essaierons de repérer quelques-uns des lieux où Marx spécifie clairement ce concept de travail mort. Nous verrons ensuite le caractère opératoire de ce concept en tant qu’il permet de donner une unité à toute une série d’analyses marxiennes souvent présentées de manière très éclatée voire antagoniste. Enfin nous verrons que c’est à partir de ce concept de travail mort qu’est pensée chez Marx la nécessité d’une révolution sociale qui subvertisse radicalement les rapports sociaux capitalistes.
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à 19:07
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