Peut-on critiquer les religions ?
Mots-clés : liberte, morale, laicite, republique
« Tant la religion put conseiller de crimes ! » (Lucrèce, De la nature)
« On gouverne les hommes par la crainte et par la superstition. » (Spinoza, Traité théologico-politique)
Quand on assassine des dessinateurs au nom d’Allah et quand on entend ensuite le glas de Notre-Dame sonner pour ces mêmes dessinateurs athées et anticléricaux jusqu’aux pires outrances, on se surprend à peine à fredonner Brassens : « Est-il en notre temps, rien de plus odieux / de plus désespérant que de ne pas croire en Dieu ? » La vague de « charliehebdomanie » passée, quand l’émotion retombe, on entend les thuriféraires de Dieu reprendre du poil de la bête. Un ancien ministre de M. Sarkozy, M. Apparu s’en prend au « totalitarisme laïque » : rien que ça ! Et partout, sous le slogan « pas d’amalgame » on réaffirme que la religion ne doit pas être critiquée et même qu’elle doit être respectée. Or, ce n’est pas la religion qui doit être respectée, on a le droit de ne pas croire en Dieu, mais on peut respecter les gens qui croient en dieu, ce qui n’est pas du tout la même chose. On a le droit de dire pis que pendre de tout le monde, athées et autres « infidèles » compris, mais pas de la religion car il ne faut ni choquer ni blesser les consciences religieuses. Personne ne se demande si des femmes emprisonnées dans leur burka ou leur niqab ne sont pas une insulte publique et répétée à l’idée que je me fais de l’homme et de sa dignité. Personne ne se demande si la glorification des superstitions – souvent d’un niveau guère plus élevé que la croyance au Père Noël – ne serait pas, par hasard, une insulte ou une grave injure à la raison humaine !
J’avais tendance à penser, comme Marx en 1843, que la critique de la religion était pour l’essentiel achevée (voir l’introduction à la critique du droit politique hégélien). La tâche sera toujours à reprendre tant que les hommes vivront sous le joug.
Il ne faut pas confondre une poignée de fanatiques avec la grande masse des croyants qui sont « modérés » : voilà la ritournelle du jour. Celle qui interdit précisément de s’interroger réellement sur la religion comme fait social dans les circonstances présentes.
En premier lieu, il faut distinguer la religion de la foi. La foi est subjective ; elle concerne les croyances métaphysiques de l’individu, croyances plus ou moins confuses et dont se déduisent parfois quelques règles de vie inspirées par la crainte de l’au-delà. Cette croyance peut être analysée philosophiquement. Spinoza dans l’appendice de la partie I de l’Éthique montre comment les superstitions religieuses – la croyance en une finalité de la nature par exemple – naissent spontanément du désir et l’ignorance. Dans L’avenir d’une illusion, Freud rattache la croyance religieuse au stade de la détresse infantile (Hilflosigkeit) et à la recherche de l’amour d’un père protecteur que l’on craint. Pour lui, la foi religieuse renvoie à l’illusion délirante. On pourrait multiplier les exemples : il y a toute une solide tradition philosophique de critique de la foi religieuse – d’Épicure aux Lumières radicales et à toutes les figures de l’athéisme contemporain. Faudra-t-il, pour ne blesser la foi de personne, interdire la vente et a fortiori l’étude à l’école d’Épicure, Spinoza, Diderot, Marx, Nietzsche, Freud ou Sartre (pour ne citer ici que quelques auteurs figurant au programme de philosophie des classes de terminale) ?
Certes on peut comme Kant montrer que l’existence de Dieu est indécidable et que Dieu lui-même est impensable. Mais le sauvetage de la foi par Kant est si fragile et si étrange qu’il est peut-être encore plus hostile à la foi religieuse ordinaire que ne le sont les philosophes ouvertement athées. Comme le remarquait Heine, si les Français ont coupé la tête du roi, les Allemands avec Kant ont coupé la tête de Dieu…
Certes, de nombreux philosophes se réfèrent à Dieu. Mais comme l’avait déjà dit Pascal, le Dieu des philosophes et celui des croyants sont bien différents. Le Dieu de Descartes n’a rigoureusement rien à voir avec le Dieu des chrétiens. Le Dieu de Spinoza n’est qu’un pseudonyme de la réalité (Dieu, ou la nature). Celui de Hegel peut aisément être interprété comme une version sophistiquée du Dieu de Spinoza – d’ailleurs bien des textes de Hegel nous y incitent ouvertement.
Bref, si on veut être philosophe et croyant, il faut avoir une grande capacité à cloisonner son esprit entre des domaines plutôt incompatibles. Ce n’est pas impossible et chacun fait comme il le veut. Mais j’ai la faiblesse de croire que la philosophie est supérieure à la foi religieuse – je ne fais ici que suivre Hegel qui décompose les trois figures de l’esprit absolu en art (saisie du vrai sous la forme de l’intuition sensible), religion (saisie du vrai par l’intuition intérieure) et philosophie (c’est-à-dire la raison, là où l’esprit est vraiment chez lui).
En second lieu, il faut distinguer la foi religieuse des textes (dits sacrés) sur lesquels se fonde ou prétend se fonder cette foi. La plupart des croyants ignore ces textes ou en psalmodie des extraits sans aucune compréhension réelle. Pris en eux-mêmes, ces textes sont des produits sociaux de l’homme socialisé. Évidemment, si on croit que ces textes sont ce qu’en prétendent leurs adeptes, on n’y peut rien comprendre. Moïse n’a pas écrit le Pentateuque. Il est situé au XIIIe siècle et bien que Moïse soit censé être mort à 120 ans, on voit mal comment il aurait écrit ces textes qui datent du VIIe siècle… Ces « textes sacrés » n’ont pas besoin d’avoir été écrits par une sorte de surhomme directement sous la dictée de Dieu, ou de l’un de ses anges, pour être des œuvres majeures de l’esprit humain, exprimant la culture et les problèmes auxquels les sociétés où ils ont vu le jour étaient confrontées. Ils sont aussi susceptibles de valoir « éternellement ». Comme les mythes grecs et comme les mythes de toutes les cultures, ils enseignent à leur manière, imagée, ce qui est censé être nécessaire pour que la société des hommes dure, pour que soit endiguée cette tendance à la sauvagerie qui se fait jour si facilement dans les sociétés humaines les mieux policées – là encore on ne peut que renvoyer à Malaise dans la culture. Ces textes sont souvent fort obscurs. Ils renvoient souvent à d’autres textes, à des mythes plus anciens dont ils feignent d’oublier les origines. Ainsi le déluge biblique se retrouve-t-il dans des textes sumériens bien plus anciens. Le travail du philologue est, ici, des plus épuisants.
Les grands textes religieux sont aussi porteurs d’un enseignement. C’est précisément ce qu’il est possible de dégager par l’exégèse critique, comme celle que pratique Spinoza dans le Traité théologico-politique. Ces enseignements sont en réalité politiques : Moïse (qu’il ait ou non existé) enseigne aux Hébreux des principes de gouvernement. La loi mosaïque expose une organisation sociale et un droit civil pour les Hébreux. Il en va de même pour le Coran qui institue une loi pour les Musulmans. En tant que tels, ces textes doivent être lus d’un point de vue historique et philosophique. Ils sont soumis à l’interprétation et à l’exégèse, ce qu’oublient tous les fondamentalistes qui en font une lecture littérale, à quoi l’on pourrait répondre par la maxime de saint Paul, « la lettre tue mais l’esprit vivifie. »
Les livres des prophètes ouvrent une autre perspective souvent plus nettement morale et notamment l’extraordinaire « Ecclésiaste » (le Qohelet), méditation sur la condition tragique de l’homme. Les Évangiles sont porteurs d’une morale, dont Spinoza montre qu’elle peut être acceptée par quiconque suit la droite raison.
Il faudrait aussi étudier comment les textes « fondateurs » ont été lus, complétés et travestis par les diverses traditions – par exemple le talmud dans la religion juive. Mais quand nous parlons de religion, nous ne parlons pas de la foi, mais de la religion comme fait social total, ainsi que l’a analysé Durkheim. En instituant la distinction entre profane et sacré, les religions sont des principes d’organisation sociale qui veulent régir l’ensemble des comportements humains.
Au total, donc, ce que l’on appelle « religion » recouvre divers niveaux d’étude : historique, philosophique, sociologique, psychologique – Freud a encore beaucoup de choses à nous dire sur ce dernier aspect. Mais, sous tous ces rapports la religion est justiciable d’une analyse rationnelle qui, comme telle, n’est tenue que par les lois de la simple raison et nullement par on ne sait quel « respect » superstitieux. Du même coup, on peut d’ailleurs montrer que toutes les religions ne se valent pas. Le christianisme évangélique – que je distingue de celui qu’enseignent les églises chrétiennes – se présente très souvent comme une critique de toutes les autres religions, une critique souvent si radicale que Marcel Gauchet a pu le définir comme « la religion de la sortie de la religion ».
Généralement parlant, religion et philosophie ne font pas bon ménage. Le Dieu de Platon ou d’Aristote n’a aucun rapport avec le polythéisme grec. Le Dieu des philosophes et le Dieu des croyants sont bien différents, ainsi que le souligne Pascal. Il est vrai qu’en le Dieu dont Descartes prétend prouver l’existence et le Dieu des chrétiens, il n’y a aucune commune mesure. Kant propose de penser « la religion dans les limites de la simple raison » et, à son corps défendant, le philosophe de Königsberg est un adversaire redoutable de tous les dogmes religieux. Hegel tient la religion (chrétienne dans sa version protestante) pour une des formes de l’esprit absolu, mais l’esprit n’est vraiment chez lui que lorsqu’il se connaît par la raison, c’est-à-dire dans la philosophie qui est posée comme le dépassement de la religion. Enfin, pour de nombreux philosophes, le Dieu transcendant est une « hypothèse inutile » ou même nuisible : des épicuriens à Spinoza et Marx et au plus grand nombre des philosophes et des savants de notre époque.
Feuerbach qui eut une si grande influence sur Marx et Engels, analyse la foi religieuse comme l’aliénation suprême : en Dieu, l’homme projette sa propre essence sous la forme d’une puissance étrangère qui finit pas le dominer. Après avoir été « feuerbachien » (et les Manuscrits de 1844 en portent la marque), Marx dépasse cette critique philosophique pour chercher à exhiber les racines sociales de l’aliénation religieuse. Le texte qui couronne ce travail est celui qu’il consacre au fétichisme de la marchandise » dans la première section du Capital. Il accomplit le programme qu’il s’est fixé dès 1843 dans la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel :
Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : L'homme fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore trouvé, ou bien s'est déjà reperdu. Mais l'homme n'est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L'homme, c'est le monde de l'homme, l'Etat, la société. Cet Etat, cette société produisent la religion, une conscience erronée du monde, parce qu'ils constituent eux-mêmes un monde faux. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification. C'est la réalisation fantastique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine n'a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.
De ce point de vue, la lutte antireligieuse hypostasiée, transformée « mère de toutes les luttes » comme on la trouve encore chez les diverses variantes de « libres penseurs » est une absurdité, puisque c’est la lutte contre un fantôme ! Stratégiquement, dans le combat pour le renversement du mode de production capitaliste, la pire des choses serait de diviser les travailleurs entre croyants et incroyants. Dans la lutte, « celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas » sont du même côté. Pour qui se met à l’école de Marx, il serait parfaitement erroné de prendre pour des « guerres de religion » des conflits qui ont une enveloppe religieuse masquant les véritables intérêts sociaux et politiques. Les opprimés usent souvent de la religion comme d’un programme politique contre les oppresseurs : pensons à la guerre des paysans allemands et à Thomas Münzer si bien analysés par Engels et par Ernst Bloch.
Mais rien de tout cela ne nous dispense du travail d’éducation et de la défense des droits de la raison. Surtout quand les superstitions religieuses deviennent le carburant de mouvements clairement hostiles à toute action et toute pensée émancipatrices. On sait comment le protestantisme américain dans ses diverses composantes (et en particulier la prétendue « majorité morale » influente dans la « Bible belt ») n’est que la forme « spirituelle » du culte du capital, du « libre marché » et de la « libre concurrence », clairement opposés à la liberté de pensée. Le Dieu transcendant de la religion et le Dieu immanent, « le libre marché », sont non pas opposés comme le croient certains mais parfaitement complémentaires. Mutatis mutandis, l’islam sunnite joue le même rôle que le protestantisme auquel il s’apparente par plus d’un trait : même culte de l’argent, même refus des lois sociales qui seraient avantageusement remplacées par la charité privée, même obsession à l’égard de la sexualité, mêmes tendances racistes. Que les multimilliardaires saoudiens ou qataris soient d’ardents propagateurs de l’islam sunnite sous ses formes les plus obscurantistes (wahhabite et salafiste) n’est nullement le fruit du hasard. Cet islam vise tout particulièrement à museler toute critique sociale (au nom de l’unité de la « communauté des musulmans ») et pensée libre hors de laquelle il n’y est impossible que se développe un véritable mouvement d’émancipation politique.
La question du statut de la femme concentre toutes ces questions. En faisant de l’homme opprimé l’oppresseur de la femme, le capital assure sa tranquille domination sur l’un et l’autre. Si l’émancipation réelle des femmes suppose, comme l’ont dit les marxistes, l’émancipation de la classe ouvrière, on peut retourner le propos : l’ouvrier mâle ne pourra guère s’émanciper tant qu’il opprimera sa compagne ! C’est là une forme très concrète et, ô combien prégnante, de l’aliénation religieuse.
On peut entendre sur les ondes des hommes politiques français qui affirment que la laïcité signifie que la république reconnaît toutes les religions. S’agit-il de faussaires patentés ou d’ignorants, on ne sait trop – ils peuvent cumuler… Mais la loi de 1905 précise au contraire que « la république ne reconnaît ni ne salarie aucun culte ». On ne peut que rappeler que les catholiques fanatiques de la fin du XIXe et du début du XXe n’avaient pas tout à fait tort d’appeler l’école de la république « l’école sans Dieu ». En effet si Dieu a sa place tout à fait librement dans les églises, les synagogues et les mosquées, il doit rester à la porte de l’école publique. L’école doit transmettre des savoirs objectifs et non susciter des vocations religieuses. La foi religieuse ne renvoie qu’à des conceptions englobantes de la vie que chacun peut choisir librement là où la liberté de conscience est garantie. Mais le savoir est objectif et ne peut dépendre des croyances individuelles. Si César n’est pas au-dessus de la grammaire, il est à craindre que Dieu ne le soit pas non plus – Leibniz soutenait que Dieu ne peut être au-dessus de la logique et que tous les possibles n’étaient donc pas possibles simultanément…
La théorie de l’évolution est une théorie scientifique et seule elle a sa place dans l’enseignement, dût-elle choquer les fanatiques de la Bible ou du Coran. Ceux qui croient que le Christ a pu être revêtu d’un suaire tissé treize siècles après sa mort supposée peuvent bien le croire, comme chacun peut croire que la terre est plate et portée sur le dos de quatre éléphants. Mais l’enseignement n’a rien à voir avec ces billevesées, même si la vérité scientifique choque les croyances de certains élèves. Donc prétendre que l’école doit rester neutre à l’égard des croyances religieuses, c’est soit se bercer d’illusions, soit mentir effrontément. En réalité l’école n’a pas à se soucier des croyances religieuses, en tant que celles-ci s’opposent au savoir objectif.
C’est entendu, la science ne peut ni prouver ni infirmer l’existence de Dieu : Kant a dit sur ce sujet ce qu’il y avait à dire. Il n’y a pas non plus de savoir objectif concernant les choix de vie que chacun peut adopter. L’éthique ne peut être que l’objet d’une réflexion problématique, ainsi qu’elle se mène dans la classe de philosophie. L’école ne peut ni prôner ni condamner l’IVG, l’euthanasie ou la « théorie du genre ». Et sur tous ces sujets les convictions des élèves doivent être respectées – ce que souvent oublient d’ailleurs les donneurs de leçon de tolérance ou de « laïcité inclusive ». On peut même aller un peu plus loin : la question du meilleur régime politique est une question problématique et on ne voit pas de quel droit l’école enseignerait comme une vérité absolue la supériorité de la démocratie, des « droits de l’homme » et du libéralisme. Ou alors il faut bannir des manuels et de l’enseignement Platon, critique virulent de la démocratie, ou encore Nietzsche, à la fois antidémocrate et antireligieux. Mais partout où ces questions sont abordées à l’école, elles ne le peuvent être que sous forme d’une discussion rationnelle, c’est-à-dire de la confrontation des arguments et non sous l’injonction de se soumettre à l’autorité de quelque livre prétendument sacré quand ce n’est pas le dernier prêche d’un imam illuminé.
On parle de l’enseignement du « fait religieux » et, en effet, le fait religieux en tant que fait historique, social et culturel a toute sa place dans l’enseignement. Il l’a déjà et l’a toujours eu ! C’est à l’école laïque, soit disant « totalitaire » selon les mots de l’ancien ministre Apparu, que j’ai appris l’histoire des grandes religions, le rôle du monarchisme, la règle de saint Benoit et ses réformes successives, les conflits entre l’Église d’Orient et l’église d’Occident, les querelles théologiques des guerres de religions, des vaudois et cathares aux différentes variétés du protestantisme. C’est à l’école que j’ai étudié Pascal et que les rudiments de la pensée du jansénisme et de « ces messieurs de Port-Royal » m’ont été transmis. Il est vrai que nous étions nettement moins férus en matière d’Islam ou de judaïsme, mais c’est un point qui pourrait être aisément corrigé. La question de Dieu et celle de la religion font pleinement partie du programme de philosophie, tant au lycée qu’à l’Université. Ce qui pose problème, ce n’est donc pas que l’école de la république ignorerait le fait religieux, mais plutôt que la décadence et même la quasi-disparition de la culture humaniste rendent toutes ces questions difficiles à comprendre et favorisent l’obscurantisme. Parler sérieusement du fait religieux supposerait qu’on reconstruise des programmes d’histoire cohérents et que l’on cesse d’être obnubilé par « l’histoire contemporaine » et l’introduction des dernières lubies idéologiques des spécialistes des « sciences de l’éducation ».
La laïcité à l’école est donc inséparable d’un programme d’instruction et ne saurait être transformée en une opération d’inculcation des « valeurs de la république », lesquelles sont d’autant plus obscures que la liberté se résume à la liberté du marché et à celle de se vendre au capital, que l’égalité n’est que celle des acheteurs et des vendeurs et la fraternité un mot creux quand la « concurrence libre et non faussée » devient l’impératif catégorique que relaie l’immense majorité des représentants politiques se prétendant républicains.
Pour conclure : si théoriquement la critique est achevée depuis longtemps, comme le disait Marx, nous n’en avons pas fini avec les religions réellement existantes et on voit mal comment une philosophie digne de ce nom pourrait se défiler.
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Ecrit par dcollin le Vendredi 23 Janvier 2015, 19:22 dans "Morale et politique" Lu 6219 fois.
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