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L'homme à la proposition d'or

Une biographie romancée de Nicolas de Cues par Jean-Marie Nicolle

Jean-Marie Nicolle, L’homme à la proposition d’or, Ipagine, 2010. L’auteur tente avec ce livre un pari risqué. La biographie romancée de Nicolas de Cues qu’il nous propose n’est ni une biographie savante, avec appareil de notes et discussion des sources, ni un roman. Cet entredeux pourrait lui être fatal. La vie de Nicolas de Cues n’est sans doute pas assez romanesque pour en faire un roman – rien à voir avec celle de Giordano Bruno, héros de L’homme incendié de Serge Filippini. En dépit de ces difficultés, Jean-Marie Nicolle tient son pari. Au chevet du cardinal Nicolas mourant, ses deux amis, son secrétaire Pierre Erkelenz et son ami d’enfance, le florentin Paolo Toscanelli, retracent les grands épisodes de la vie de ce fils de marchand de la Moselle, devenu cardinal chargé de réformer l’Église d’Allemagne, mais qui fut surtout un des grands philosophes de la fin du Moyen âge, un des penseurs de l’humanisme en train de naître. Né en 1401 dans une famille de petits bourgeois allemands de Kues, une ville au bord de la Moselle, il s’enfuit de sa famille. Élevé dans une congrégation religieuse, il étudie la philosophie, le droit, les mathématiques et devient un clerc lettré et renommé. Son ouvrage le plus important, La Docte ignorance est publié en1440 (On en trouve une traduction française libre de droits sur le site de Jean-Marie Nicolle). Dès 1434, il est devenu un collaborateur du pape qui le charge de plusieurs missions. Nommé cardinal en 1448, il sera légat chargé de réformer l’Église en Allemagne. Il est aussi nommé évêque de Brixen dans les Alpes autrichiennes. Entre les charges officielles, les conflits auxquels il est confronté et son travail philosophique et théologique, la vie de Nicolas de Cues est bien remplie et le livre de J-M. Nicolle en retrace les principaux épisodes de manière vivante. Dans le même temps, on suit les grands moments de son évolution philosophique, son anti-aristotélisme – qui, comme souvent chez les philosophes de la Renaissance, va de pair avec un goût particulier pour les mathématiques. Chez Nicolas de Cues, les mathématiques sont étroitement mêlées à la spéculation métaphysique et théologique, ainsi dans ses recherches, vouées à l’échec, sur la quadrature du cercle. Sa théorie de la coïncidence des opposés et la méditation de Maître Eckart, d'un côté, sa f'réquentationde l'Italie et notamment son amitié avec Toscanelli, le placent au carrefour de ces influences intellectuelles d'où sont sorties et la philosophie et la science modernes. Jean-Marie Nicolle, par petites touches, s'attache à faire percevoir  que le Cusain est au carrefour entre deux mondes, le monde médiéval,  dominé par l'Église et un monde nouveau e ntrain de s'affirmer chez les peintres, les architectes et les penseurs italiens.

Facile à lire, toujours clair, le livre de Jean-Marie Nicolle ne donne qu’une envie : connaître un peu plus ce philosophe et cette période. C’était certainement le but visé par l’auteur, par ailleurs spécialiste du Cusain. Un livre en tout cas qu’on mettre dans toutes les mains. Pour en savoir plus, on se reportera au site de Jean-Marie Nicolle.

Ecrit par dcollin le Mercredi 17 Novembre 2010, 23:27 dans "Bibliothèque" Lu 5137 fois. Version imprimable

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