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Retour sur "Le cauchemar de Marx"

Cet article a été publié sur le blog de René Merle. Je le reprends bien volontier ici.
Je viens de relire l'ouvrage de Denis Collin, Le cauchemar de Marx (Max Milo, 2009). Il est plus que jamais d'actualité.

Je redonne ci-dessous le billet que j'avais écrit le 15 mars 2011 dans un blog précédent. Je le fais suivre de quelques lignes datées d'aujourd'hui



15 / 3 / 11 :

"J’évoquais hier la vision prophétique de Jack London dans Le talon de fer, vision trop souvent rangée au rayon d’une science-fiction sans prise véritable sur la réalité d'aujourd'hui.

cf. : [ Trotsky - Jack London ]

Raison de plus pour lire, ou relire, le récent ouvrage du philosophe Denis Collin, Le cauchemar de Marx. Le capitalisme est-il une histoire sans fin ? Éditions Max Milo, 2009. Lapsus parlant : la très intéressant recension de Tony Andreani (voir son blog), indique comme éditeur "Marx Milo". Tant il est vrai que Denis Collin, qui poursuit ici sa réflexion fructueuse sur l’œuvre de Marx, nous fait comprendre, sans la moindre hagiographie, quel outil scientifique irremplaçable a été l’analyse par Marx du mode de production capitaliste.

Une analyse que la crise actuelle ne fait que confirmer, puisque, les observateurs honnêtes doivent l’admettre, il ne s’agit ni d’une crise de sous-consommation, ni d’une crise née de la spéculation financière : la crise relève du fondement même du mode de production capitaliste, c’est-à-dire de la nécessité d’investir le capital avec un taux de profit suffisant.

Le titre de l’ouvrage va à l’essentiel : les visions de l’avenir économique proposées par Le Capital ont été plus que vérifiées dans le siècle qui suivit sa publication, et jusqu’à aujourd’hui, avec la concentration, la mondialisation, et d’une certaine manière la socialisation de fait des moyens de production dans ce capitalisme des fonds de pension.

Toutes, sauf l’ultime, proclamée pourtant par Marx comme inéluctable : l’expropriation des capitalistes, le transfert de la gestion de l’appareil de production aux producteurs, associés dans l’intérêt de tous. Et le "socialisme réel" tenté dans quelques maillons faibles du capitalisme, la Russie au premier chef, n'a pas vu l’avènement de cette nouvelle société, communiste, dont le mode de production capitaliste serait gros.

Alors, le capitalisme serait-il une histoire sans fin, avec l'aval du plus grand nombre (un peu vite baptisé "classes moyennes") auquel, en dépit de bien des souffrances, il ouvre un monde de consommation et de "liberté" ? À cet égard, Denis Collin analyse la nature des partis ouvriers qui, organisant les ouvriers au sein d’un monde de production capitaliste, ont en fait mis en place un processus d’adaptation à l’ordre social qu’ils étaient censés combattre.

Nous reviendrons sur l'analyse de l'échec des "pays socialistes" de l'Est européen, ainsi que sur les perspectives réalistes d'un communisme d'aujourd'hui qu'esquisse Denis Collin dans la dernière partie de son ouvrage."



17 / 12 / 12

Ces perspectives réalistes d'un communisme d'aujourd'hui, ce "radicalisme communiste" dont je partage la vision, s'inscrivent en fait dans un ensemble de données dont l'histoire de France est la matrice. Et ce n'est pas le défenseur que je suis du cadre national défensif dans l'entreprise européenne qui s'en effarouchera.

Cf. : [ Économie : du rôle des États (Allemagne - France) ]

Pour autant, après la relecture de l'ouvrage de Denis Collin, dans le tourbillon de pensées qu'il suscite, c'est un terrible pessimisme qui m'envahit. L'ouvrage nous invite à regarder la réalité telle qu'elle est, et à cesser de nous doper à l'espérance messianique d'un lendemain qui chantera. Nous vivons quasiment tous dorénavant, à l'échelle mondiale, dans un monde capitaliste, un monde où le capital, comme le montre le livre, est en train à la fois de triompher et de crever de son accumulation à la recherche désespérée d'un profit toujours remis en question. Dans ce cadre, les vieilles nations, dont la nôtre, sont d'ores et déjà étranglées, voire condamnées, au profit de grands blocs de rapaces prêts à se partager ce qui reste du gâteau, ce qui en restera quand le saccage inexorable des ressources naturelles ne les mettra plus que devant une seule alternative : la guerre.

Marx était d'un optimisme profond devant la mondialisation capitaliste qu'il a décrite superbement ; il pensait que l'internationalisme prolétarien (c'est-à-dire la solidarité des prolétaires au-delà, par dessus le cadre national qu'il convenait impérativement de dépasser) serait à même de cueillir le fruit quand il serait mûr, c'est-à-dire quand la socialisation de la production serait pratiquement réalisée : alors les producteurs pourraient s'emparer de la gestion pour le plus grand profit non pas du capital, mais de l'humanité. Le drame est qu'aujourd'hui on voit mal quels prolétaires, et quel internationalisme, serait à même de mener à bien cet accouchement. Pour l'heure en tout cas. Peut-être ce qui se joue en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud nous apporte déjà quelques lueurs d'espoir. Affaire à suivre.



cf.: Marx - Mondialisation et assomption communiste de la mondialisation []  

Ecrit par dcollin le Samedi 22 Décembre 2012, 18:51 dans "Publications" Lu 4057 fois. Version imprimable

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