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P comme progrès

Premières réflexions à partir d'une thèse machiavelienne

Nous vivons avec une croyance au progrès enracinée au plus profond de nous. Le bon sens de l'histoire est celui du progrès, des lendemains plus heureux qu'aujourd'hui, de la science de demain qui sera plus vraie que celle d'aujourd'hui, etc. Bien sûr nous avons aussi été vaccinés contre les illusions du progrès. Nous savons que la science et les techniques peuvent apporter autant de maléfices que de bénéfices, que les lendemains qui chantent déchantent encore plus souvent, et que peut-être notre connaissance de la réalité autant que notre pouvoir sur la nature trouvera ses propres limites indépassables. Mais au fond nous continuons de croire au progrès. Ou, si nous y croyons moins, nous l'espérons tout autant.

Machiavel dit que la quantité totale de biens et de maux dans le monde reste constante.
Pensant, pour ma part, à la façon dont procèdent les choses, j’estime que le monde a toujours été pareil et que toujours il y a eu en lui autant de bien que de mal. Mais je pense que le bien et le mauvais varient de pays à pays, comme on le voit d’après la connaissance que l’on a des royaumes antiques qui changeaient du bien au mal en fonction du changement de leurs mœurs, sans que le monde changeât. [Discours sur la première décade de Tite-Live, p.292 de l'édition "Bouquins"]
L'histoire ne fait que déplacer la répartition. Ne prenons pas trop Machiavel au pied de la lettre. Il demeure qu'il y a là quelque chose de profondément vrai. Le progrès dans une direction se paye toujours d'une perte dans une autre direction. Rousseau avait le pressentiment de cela dans son Discours sur les sciences et les arts. Le discours écologiste de base contre les nuisances de la société industrielle et technicienne est ici largement à côté de la plaque. Il ne s'intéresse qu'aux effets et non au processus lui-même. Il s'intéresse à la gestion technique de la planète – l'écologie est gestionnaire en diable – alors qu'il s'agit d'une question métaphysique.

Prenons un seul exemple. Le progrès de la connaissance du vivant et de la maîtrise des technologies de manipulation du vivant met à portée de main une transformation radicale de la nature humaine elle-même. Si nous pouvons programmer les caractéristiques de l'enfant à naître, ni nous pouvons intervenir sur le contenu de sa mémoire et sur les processus psychiques, alors l'idée de l'homme sur laquelle nous avons vécu depuis que l'humanité existe devra définitivement quitter la scène. Les mots "liberté", "dignité", "respect de l'humanité comme fin en soi", "droit", "devoir", etc., seront des mots dénués de sens, de pauvres oripeaux témoins d'une période d'obscurantisme que nous sommes en train de clore. Ne demeureront pour qualifier les humains que les mots qu'on utilise pour parler de la production industrielle, normes de qualité, efficacité, rentabilité. Diverses sectes, animées non par des gourous obscurantistes, mais par des scientifiques ou du moins des gens ayant une formation scientifique solide, nous invitent d'ores et déjà à entrer dans le "post-humain". Le "surhomme" nietzschéen a une drôle de tête.

Il ne s'agit absolument pas d'un roman de science-fiction destiné à rester un roman de science-fiction.  Cette transformation de l'humain en objet de manipulation technique est en cours depuis longtemps, depuis le XVIIIe et surtout depuis le XIXe siècle, une transformation qui s'est produite avec le développement des "sciences humaines", mises au service des "ingénieurs sociaux" dans une perspective positiviste, avec le développement de la psychologie comportementaliste – le "behiavorisme" qui a trouvé une nouvelle jeunesse dans les TCC – et avec le développement des psychotropes. Le perfectionnement de la chimie du cerveau, les éventuelles prothèses électroniques (l"homme bionique") ne feront que pousser un peu loin ce que nous avons déjà accompli. Ou ce qui était déjà posé, seulement théoriquement, dans ce génial manifeste du monde à venir qu'est le Discours de la Méthode de Descartes, lequel après avoir montré l'importance de la construction d'une science rationnelle et certaine en déduit les avantages:.
Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices, qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y [193] trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie; car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusques ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher. (Discours de la méthode, VIe partie)
Nous rendre plus sages en modifiant les organes du corps: c'est très exactement ce que proposent les apprentis sorciers qui préparent l'Humain Génétiquement Modifié, autrement plus rentable et intéressant que les OGM!

Le progressisme comme idéologie justifie le progrès technique par la morale. Le progrès technique est du côté du bien et le progressiste est prêt, comme toute personne douée du minimum de sens moral, à dénoncer l'utilisation pernicieuse du progrès en vue du mal ("oui au nucléaire civil, non à la bombe!"). Mais cette tranquille assurance morale ne tient pas une minute, car c'est pour de bonnes raisons que nous préparons le pire, pas par une volonté perverse! Qui voudrait renoncer aux progrès de la médecine? Personne et à juste titre – sauf l'homme bien portant qui fait le fanfaron et changera d'avis à la première alerte, comme ces mécréants qui appellent d'urgence le curé quand la dernière heure a sonné et que, se souvenant du pari de Pascal, ils se disent "non ne sait jamais"... Qui rejetterait la possibilité de garantir que l'enfant à naître sera en bonne santé? Qui refuserait la naissance heureuse, l'eugénie, au sens étymologique? Bref la fabrication de l'humain comme produit industriel, suivant des normes et des contrôles de qualité est en marche et seule l'impuissance humaine à comprendre les lois de la nature pourrait l'arrêter.

A l'autre bout de la vie, il en va de même: nous voulons vivre plus longtemps et nous y parvenons (en gros). C'est bien naturel: tout être cherche à persévérer dans son être et l'idéologie meurtrière de "l'être-pour-la-mort" devrait nous répugner. Comme le célèbre bateau de Thésée, le corps humain, à la limite, pourrait être resplendissant comme au premier jour dès lors qu'on en peut changer les pièces endommagées au fur et à mesure. Les recherches sur les cellules souches et leur reprogrammation ouvrent à la voie à une possible regénération des tissus et à une prolongation inouïe de la durée de la vie. La santé est le bien le plus précieux ("bonne année et surtout bonne santé") et Descartes, tout philosophe qu'il fût, partageait exactement l'opinion commune sur cette question. Mais il est à parier que nous paierons au prix fort la prolongation indéfinie de la vie. Nous ne sommes qu'au tout début d'un bouleversement anthropologique radical au sujet duquel la réflexion est comme interdite. Une pyramide des âges dominée par les quinquagénaires et les sexagénaires (qui passent leur temps à s'occuper de leurs vieux parents), c'est société politique complètement différente de ce qu'elle était dans la deuxième moitié du XXe siècle. Toutes les relations généologiques sont à revoir. Le vieillissement voulu et organisé de la population prépare aussi des effondrements considérables. Si le rythme actuel se poursuit, ce sont des dizaines de millions d'habitants que perdront l'Allemagne et l'Italie – pour ne parler que de nos riches voisins. Ce vieillissement de la population pourrait bien étouffer à sa source l'idéologie du progrès. Ruse de la raison.

Le progrès est évidemment le progrès de la richesse matérielle et de nos capacités de dominer la nature, de nous en rendre comme "maîtres et possesseurs" selon la formule de Descartes (voir encore la VIe partie du Discours). Le marxisme traditionnel tient pour assuré que le capitalisme est condamné parce que,, arrivé à un certain stade de développement, les rapports de production capitalistes deviennent une entrave au développement des forces productives. C'est même cela la clé explicative ultime du "matérialisme historique", la loi des lois de l'histoire. Les trotskistes de la tendance "lambertiste"  en faisaient à juste titre un dogme intangible. C'est pourquoi, contre toute évidence, ils devaient soutenir que Trotski avaient encore raison aujourd'hui, lui qui écrivait en 1938, dans le programme de fondation de la "IVe Internationale", "les forces productives de l'humanité ont cessé de croître": ceux qui croyaient que les "forces productives" avaient cru depuis 1945 ne s'étaient pas rendu compte qu'il s'agissait en fait de "forces destructives"... Sans revenir ici sur les terribles difficultés que soulève le concept marxien de "forces productives" (voir sur ce sujet mon Comprendre Marx), on doit constater que le capitalisme, à travers des crises et des destructions continuelles, semble capable de franchir dans les barrières que les rapports de propriétés peuvent mettre à son propre développement. Le "conflit stratégique" (pour parler comme Gianfranco La Grassa) entre les groupes capitalistes constitue un moteur du développement dont on voit pas ce qui pourrait, de manière endogène, constituer un obstacle insurmontable. (Je laisse ici l'étude de ce point qui sera détaillé dans Le cauchemar de Marx à paraître au printemps 2009) Mais nous devons constater que si le progrès est celui de la richesse matérielle, c'est le capitalisme qui est l'instrument le plus efficace de ce progrès. Si on veut de la croissance, il faut laisser les capitalistes trouver les moyens de faire de la plus-value et de triompher de leurs concurrents. En un mot le "progressisme" qui est l'un des ressorts du marxisme traditionnel se retourne contre le marxisme.

Il faudrait encore parler du progrès des mœurs. Sans aucun doute, notre société est plus "libre" que ne l'étaient les sociétés antérieures. Les individus sont à peu près complètement détachés des entraves sociales familiales, religieuses, communautaires, qui s'opposaient aux aspirations des individus et que la littérature a si souvent mises en scène. La "libération sexuelle" est longtemps apparue comme le symbole même de ce progrès. En réalité, cette "liberté" s'est transformée en une atomisation croissante de la vie sociale, et dégagement de tout ce qui pouvait rappeler la vie communautaire.  Comme les disent les sociologues du MAUSS, ce qui s'est progressivement formé après la seconde guerre mondiale, c'est une société d'étrangers. Les laïques semblent un peu désemparés quand ils constatent le regain réel de religieux, principalement autour de l'islam, dans les quartiers pauvres: ce ne sont pas seulement les immigrés ou leurs enfants qui vont à la mosquée, mais aussi de plus en plus souvent des enfants nés de parents français de longue date qui y vont avec leurs copains. C'est tout simplement que l'individualisme libéré fonctionne assez bien quand on a suffisamment de moyens et qu'il devient vite l'enfer quand on est pauvre. La religion retrouve sa fonction d'organisation de la communauté des humains autour de l'opposition organisatrice entre le sacré et le profane (la lecture ou la relecture de Durkheim devrait s'imposer à tous ceux qui veulent dire quelque chose de sensé sur ces questions). Le catholicisme a du mal d'ailleurs à capter ce mouvement et semble poursuivre son déclin, parce qu'il est la religion installée, la religion des dominants et des riches, alors que les églises évangéliques venues d'Amérique Latine trouvent un écho, notamment chez les immigrés originaires de l'Afrique Noire. Tant qu'à ce retour du religieux dont les formes régressives (notamment à l'égard des femmes) peuvent sembler inquiétantes, on ne pourra opposer que la défense de la société libérale dont l'idéal achevé est la consommation des derniers gadgets électroniques et dont les répugnants héros sont les chevaliers de la finance, les religions auront un bel avenir devant elle. 

On peut encore dire les choses autrement: le capitalisme n'a absolument pas besoin de Dieu – en tout cas, maintenant il s'en passe très bien. Un matérialisme éviscéré de toute sa portée critique lui convient à merveille (ce matérialisme qui justifie la transformation de l'homme en machine susceptible d'une technicisation croissante). De ce point de vue la croisade des créationnistes ou des partisans de l'intelligent design est assez ridicule. Le capitalisme n'est absolument pas anti-darwinien et le "pan-génétisme", une sorte de science "matérialiste", est l'idéologie fondamentale de dirigeants des grandes puissantes, des ministres de l'intérieur et de leurs polices. Le créationnisme n'est qu'un fantasme américain, une expression idéologique de la volonté de Washington de refaire le monde selon ses intérêts comme Dieu a fait le monde en sept jours – je dois cette remarque à Costanzo Preve dans son article sur la venue du pape à Paris, publié sur le site de Comunismo e comunità.

Pour conclure ces premières réflexions, il me semble de plus en plus évident qu'il faut tirer un trait sur le "progressisme", cette figure idéologique du capitalisme, si on veut un monde meilleur que celui que nous devons supporter.

Ecrit par dcollin le Samedi 27 Septembre 2008, 17:40 dans "Actualités" Lu 6633 fois. Version imprimable

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Commentaires

Bussy - le 22-11-08 à 23:56 - #

Denis, 

Je viens de lire ton article sur le progrès, que j'ai trouvé intéressant, même si on peut le penser (et tu le dis toi-même) inachevé;

J'ai lu récemment un livre intéressant sur le projet de transformation générale de l'être humain. La société post-mortelle de Céline Lafontaine (ça date de septembre 2008) au Seuil. Comme mes préoccupations croisent les tiennes, il y a aussi l'étonnant La fin de l'humanité de C. Godin, qui traite de l'épuisement de la natalité et s'oppose à l'idée d'explosion démographique (ce dont tu parles dans ton texte). Mais je sais au final quoi en penser, ce livre me semble quand même contredire quelques tendances bien actuelles en termes de croissances des mégalopoles. En revanche, ces deux ouvrages montrent bien quelles sont les conséquences éloignées de l'individualisation extrêmes des sociétés modernes. 

Amicalement
F. Bussy

 


Progrès, départ et arrivée

Olivier Montulet - le 02-01-12 à 19:17 - #

J'apprécie beaucoup la conclusion...

Mais j’aimerais tant que la philosophie ne soit pas cet éternel serpent qui se mord la queue et qu’on ait qu’à nous contenter de nous amuser de l’entourloupe. (Voir à ce sujet les travaux de Jacques Bouveresse)

Le progrès n'existe qu'au regard d'un objectif. Il en est ainsi de la marche, je ne progresse que dans la mesure où je m'approche de ma destination.

La question philosophique doit-elle porter sur le progrès où sur la nécessité de l'objectif?

L’objectif, la destination n’est-il pas ce qui donne sens à la marche ?

Le progrès n’est-il pas la réponse au besoin de sens, de valeurs ?

Pour Socrate l’état de perfection est un état antérieur passé. Il n’est dès lors pas question de progrès mais le réel est un état dégradé permanent. L’Olympe est pérenne mais inaccessible aux hommes.

Comme pour les grecs anciens, dans la société moyenâgeuse, la situation de l’homme est celle du déchût de l’Eden. Seule la rédemption au jour du jugement dernier rendra au juste l’accès à l’Eden. L’univers pour un médiéval est stable, le temps n’existe pas, le réel est éternel ; l’ordre est immuable. L’humain ne vit que deux état celui d’être et celui de ne pas être. Mort et vie. Le passage par la vie offre la possibilité d’acheter sa rédemption. Il ne s’agit pas de progrès, il s’agit d’accéder, le dernier jour, au droit à la rémission du pécher originel du 1er jour. Il n’y a pas de transhumance vers la rédemption. Le droit à la rédemption est un droit qu’on acquière au jour du jugement dernier à l’aune de sa vie.

Socialement la condition humaine est elle-même stable ; il n’y a pas d’ascenseur social ni même de déchéance. Le médiéval est de sa condition perpétuelle, transmise par le sang. Les révoltes sont des révoltes de faim pas des révoltes revendicatives.

Chacun subit sa condition.

Le progrès n’est pas médiéval. Le travail non plus, chacun accompli sa tâche, celle à laquelle Dieu l’a assigné.

Les Lumières inventent le progrès comme le travail. Pour ce faire elles donnent la liberté de sa destinée aux hommes. Le travail devient une offrande à Dieu, offrande dont bénéficient les commerçants bourgeois. Les marchands revendiquent l’accession sociale que leur fournit les bénéfices du commerce, c'est-à-dire l’accès à la possibilité de développer la manufacture. C’est la naissance conjointe, symbiotique, du libéralisme, du capitalisme, du travail, des classes sociales, de  la revendication, de l’ascenseur social, du progrès.

Voltaire lui-même n’avait pas vu que l’émergence des sciences et du libéralisme annonçait le progrès. Il ne pouvait concevoir le monde autrement qu’en classes d’états sociaux.  La revendication n’était pas justifiable, le progrès non plus.

Le progrès matériel (en particulier capitaliste) et l’escalade sociale se sont vu confirmés par la libéralisation des forces productives des manufacturiers et l’espérance (inexistante au moyen-âge) de jours meilleurs des ouvriers. La connaissance scientifique permit aux techniques, elles-mêmes, d’accroitre le progrès matériel et l’illusion de l’escalade sociale (Le rêve américain – par la colonisation, fondé, toutefois, sur l’acquisition d’une propriété productrice -).

Le progrès c’est accéder au moyen de devenir propriétaire (transmissible par l’héritage- au non de la prescription de la spoliation première). La propriété qui donne les droits… on en est toujours au néolithique…

Le désenchantement du monde (mauvaise appellation qui laisse à penser que le monde du passé était enchanteur et que les représentations du mondes d’alors étaient irrationnelles – ce qui est faut puisque l’organisation sociale était en accord, comme en tous lieux et en tous temps, avec la cosmogonie socioculturelle) est  la croyance que le progrès matérialiste et social peut rendre à l’homme l’accès à l’Eden sur terre. Plus besoin d’œuvrer pour sa rédemption mais nécessité d’œuvrer à son bien être. Œuvre qui fait de l’homme un homme à deux temps celui de la production (le travail) et celui de la consommation (y compris le loisir) : une mécanique au service du capitalisme-libéral que vous appelez libérisme.

Comme vous l’avez justement remarqué, aujourd’hui, bien plus fondamentalement que le pensent les écologistes et autres altermondialistes qui prêchent la décroissance (la récession ? c’est son nom) qui croient que le progrès technico-scientifique est, en lui-même, producteur de désastre ; la sciences montre que la notion même de progrès scientifique est une « hérésie » puisque plus que jamais, plus je progresse vers le vrai plus je m’en éloigne tant il se complexifie et que le singulier n’apparaît plus que comme exception du général, sans doute insondable.

L’autre aspect du progrès est sa dichotomie, voir son machiavélisme, nommée par Descartes et successeurs dont Hegel : « dialectique ».

Le progrès part d’un « mal » et va vers un « bien ». J’en reviens ainsi à la question de la destination mais aussi de l’origine.

Si on part de la naissance pour accéder à la mort c’est aussi un progrès.

Ce progrès notre société hédoniste le récuse.

Pour Saint François d’Accise, l’aboutissement du progrès était le dépouillement total. N’est-ce pas ça la mort, accepter de ce dépouiller de ses biens, de sa puissance, de son savoir (Alzheimer), de ses amours ?

Tout progrès repose sur une croyance et sur les valeurs qui en découlent.

Pour moi le progrès dont je n’ose pas rêver serait celui de l’accession de l’homme à son désintérêt pour la propriété et le pouvoir. Ces deux forces motrices du libéralisme et de son fils le capitalisme qu’il soit privé ou collectif.